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Une première enquête nationale sur l’autopartage en trace directe

Marché mobilité

autopartage étude

En 2013, le bureau de recherche 6t avait réalisé la première enquête nationale sur l’autopartage en boucle afin d’analyser son impact sur la mobilité urbaine. Ce même bureau de recherche a décidé de réitérer l’expérience mais en s’intéressant cette fois ci à l’autopartage en trace directe. Avec le soutien de l’Agence de l’Environnement et de la maîtrise de l’Energie (ADEME), 6t a publié en mai 2014 la première enquête nationale sur l’autopartage en trace directe portant notamment sur le cas Autolib’ : « L’autopartage en trace directe : quelle alternative à la voiture particulière ? ».

L’autopartage est défini par le 6t comme un « système de location de voitures, généralement en milieu urbain, qui permet d’utiliser les véhicules avec ou sans réservation et de façon ponctuelle. ». Il existe actuellement cinq systèmes d’autopartage :

  • L’autopartage « en boucle » : la réservation ainsi que le retour à la station de départ sont obligatoires et le temps de location doit être renseigné.
  • L’autopartage « en trace directe » : le véhicule n’est pas réservable et aucune durée de location n’est à fournir. Le véhicule ne doit pas obligatoirement être ramené à la station de départ.
  • L’autopartage « entre particuliers » : la réservation et la durée de location doivent être renseignées au moins 24h à l’avance par le biais d’opérateurs qui s’occupent de la facturation et des assurances.
  • L’autopartage “en free-floating” : des véhicules sont mis à la disposition des usagers dans une zone limitée d’une agglomération. Les usagers peuvent géolocaliser et réserver un véhicule via leur smartphone.
  • L’autopartage “one way”: le véhicule est en libre service et doit être ramené restitué dans une des stations qui n’a pas obligatoirement à être la station de départ.

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Selon l’enquête, l’autopartage reste un phénomène marginal en France avec environ 200 000 usagers (début 2014). Le marché de l’autopartage connaît cependant une forte croissance et possède un fort potentiel de développement. Actuellement, l’essentiel des offres d’autopartage concerne des systèmes en boucle mais selon l’étude du 6t, de plus en plus de collectivités seraient intéressées par une offre d’autopartage en trace directe.

Dès lors, Autolib’, le plus grand service d’autopartage en trace directe du monde avec ses 2 000 véhicules et ses 43 000 usagers actifs (fin janvier 2014), représentait le terrain d’étude idéal pour les chercheurs. Cependant, l’enjeu de l’enquête n’étant pas l’analyse des autolibeurs mais le phénomène de l’autopartage en trace directe, deux analyses ont été réalisées. Les autolibeurs ont d’abord été comparés avec les usagers d’un service d’autopartage francilien en boucle, Mobizen, au travers d’une enquête réalisée entre novembre 2013 et janvier 2014  à laquelle 1 169 personnes (644 usagers d’Autolib’ et 525 usagers de Mobizen) ont répondu. L’objectif était notamment de neutraliser les spécificités parisiennes (densité de l’offre des transports en commun, faible taux de motorisation, faible usage de la voiture particulière, etc.). Ensuite, les chercheurs ont analysé ces résultats à la lumière d’un échantillon d’usagers de services d’autopartage en boucle situés en province, usagers qui avaient été interrogés lors de l’enquête nationale sur l’autopartage en boucle en 2013. L’objectif consistait à comparer les comportements franciliens avec ceux des autres régions françaises.

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L’enquête souligne que la voiture en trace directe apparaît de plus en plus comme un substitut à la voiture particulière. En effet, l’autopartage en trace directe offre les mêmes avantages qu’une voiture personnelle mais sans les contraintes. Ainsi, 57% des autolibeurs utilisent le service au moins deux fois par semaine. De plus, 6% des usagers d’Autolib’ l’utilisent chaque jour pour se rendre au travail et 32% des usagers l’utilisent souvent dans ce but. Un facteur expliquant ce succès d’Autolib’ est sa très grande visibilité et facilité d’usage. En effet, Autolib’ possède 869 stations dont 840 en voirie tandis que Mobizen ne possèdent que 115 stations dont 26 en voierie.

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Par ailleurs, la voiture d’autopartage en trace directe est une solution jugée plus pratique que les transports en commun : 25% des usagers d’Autolib’ trouvent ce service plus pratique et confortable que les transports en commun alors que seulement 1% des usagers de Mobizen l’utilisent par préférence aux transports en commun. La motivation économique passe au second plan pour les usagers d’Autolib’ (18%) contrairement aux usagers de Mobizen dont 31% des usagers ont opté pour l’autopartage pour des raisons d’économies financières. Enfin, fait pour le moins étonnant, la valeur écologique n’a que très peu d’influence dans la décision de souscrire à un service d’autopartage.

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Les services d’autopartage, en boucle ou en trace directe, participe grandement à la démotorisation des ménages. En effet, l’enquête a relevé une réduction de 23% du parc automobile des usagers d’Autolib’ et une réduction de 67% du parc automobile des usagers de Mobizen. Par ailleurs, les chercheurs ont constaté qu’une voiture Autolib’ remplace 3 voitures particulières et libère 2 places de stationnement. Quant à une voiture Mobizen, elle remplace 7 voitures particulières et libère 6 places de stationnement. Toutefois, les services d’autopartage en trace directe concurrence également les autres modes de transports puisque l’enquête révèle que les usagers d’Autolib’ ont réduit de 18% leurs trajets en transports en commun. En effet, il apparaît clairement dans l’étude que les autolibeurs utilisent moins les modes de transport alternatifs (transports en commun, vélo, marche à pied). La question de l’impact des services d’autopartage en trace directe sur les comportements des usagers en termes de mobilité se pose alors. Contrairement à l’autopartage en trace directe, le service d’autopartage en boucle accroit le recours à la multimodalité. En effet, en plus de considérablement réduire le parc automobile de ses usagers, les services d’autopartage en boucle favorisent l’utilisation du vélo et des transports en commun.

Evolution de la part de usagers utilisant quotidiennement les différents modes de transport avant et après l’abonnement à un service d’autopartage (bureau de recherche 6t)

Autopartage en trace directe (Autolib’)

Autopartage en boucleIdF (Mobizen)

Autopartage en boucle hors IdF

Parts des usagers avant

Part des usagers après Evolution Parts des usagers avant Part des usagers après Evolution Parts des usagers avant Part des usagers après

Evolution

Voiture personnelle

13% 5% – 63% 9% 1% – 93% 15% 4% -76%
Deux-roues motorisés

9%

5% – 42% 8% 8% 0% 4% 4%

0%

Vélo en libre service

4%

4% 0% 5% 7% + 30% 29% 35%

+ 20%

Transport en commun

61%

50% – 18% 64% 65% + 2% 40% 45%

+ 14%

Marche à pied 25% 23% – 7% 35% 36% + 4% 36% 38%

+ 6%

            Au final, à l’échelle d’un usager, l’autopartage en trace directe remplace moins de voitures et supprime moins de kilomètres que l’autopartage en boucle. Toutefois, la transition vers les véhicules électriques et la densité de l’offre permet à Autolib d’avoir un nombre d’usagers bien supérieur à celui des services d’autopartage en boucle et donc d’avoir un effet plus important sur la mobilité. Selon les conclusions de l’enquête du bureau d’études 6t, la facilité d’usage est le point de fort d’Autolib’. Cependant, ce point fort se révèle également être un frein au changement de comportements des usagers, le reflexe « tout Autolib’ » n’incitant pas l’abonné à recourir à la multimodalité. Contrairement aux usagers des services d’autopartage en trace directe, ceux des services d’autopartage en boucle utilisent beaucoup moins souvent les véhicules d’autopartage qu’ils n’utilisaient la voiture. De plus, ce système en boucle avec réservation obligatoire oblige les usagers à combiner quotidiennement les différents modes de transports. En définitif, l’autopartage en trace directe et en boucle, qui ont un impact différent sur la mobilité, peuvent être complémentaires. En effet, selon l’enquête du 6t, les personnes abonnées à la fois à Autolib’ et Mobizen ont les pratiques les plus écomobiles : 87% d’entre eux ne possèdent pas de véhicule personnel et continuent d’utiliser les transports en commun.

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En conclusion, l’enquête souligne que le développement de l’autopartage passe nécessairement par une réflexion sur l’hybridation de ces différents systèmes et sa complémentarité avec les autres modes de transports. Les conclusions de l’enquête mettent notamment en avant l’intégration tarifaire entre autopartage en boucle, en trace directe et entre particuliers ainsi qu’avec les autres modes de transports alternatifs. Cette complémentarité favoriserait les comportements écomobiles et permettrait d’optimiser la régulation des services.

Alexandre Fournier

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