Alors que de nombreux gouvernements européens et nord américains favorisent le développement de l’autopartage, la France semble être à la traîne en ce qui concerne la promotion de l’écomobilité. Le gouvernement britannique a annoncé il y a quelques jours la mise en place d’une subvention de 500 000 £ pour aider le développement de l’autopartage en milieu rural et urbain. Helsinki, capitale de la Finlande, a l’ambition de rendre la voiture particulière obsolète d’ici 2025. Pour ce faire, la ville prévoit la création d’un système de paiement unique via une application sur smartphone qui intègre tous les modes de transports dits durables (bus, autopartage, vélo en libre en service, etc.) afin de favoriser la multimodalité et donc l’écomobilité. Aux Etats-Unis, selon une étude d’AlixPartners, la promotion de l’autopartage a permis d’éviter la mise en circulation de 500 000 véhicules !
Alors que certains voient dans la promotion de l’autopartage une forme de concurrence déloyale pour les constructeurs automobiles, le véritable enjeu de ce marché est la pérennisation d’un mode de transport moins néfaste pour l’environnement. En effet, force est de constater que l’autopartage s’inscrit totalement dans le nouveau paradigme de la mobilité qui est passé de la possession à l’utilisation d’un service de mobilité. De plus, selon le cabinet de consulting Frost & Sullivan, le futur de la mobilité se trouve dans l’autopartage de véhicules électriques et non dans la possession de voitures particulières électriques.
Depuis toujours, le gouvernement favorise la mobilité que ce soit par la construction d’autoroutes, la mise en place de transports ferroviaires ou de transports publics, etc. Le marché des transports n’a donc jamais été un libre marché, d’autant plus que ce marché est un secteur crucial de nos vies. Dès lors, à l’heure de la transition énergétique, le gouvernement devrait davantage promouvoir l’autopartage au lieu de continuer à défendre becs et ongles le paradigme de la possession de voitures. D’ailleurs, le projet de loi adopté par l’Assemblée Nationale le 23 juillet 2014, visant à accélérer l’installation de bornes de recharge, a pour objectif final de booster les ventes de véhicules électriques en France. Cependant, bien que les véhicules électriques soient plus respectueux de l’environnement que les voitures à essence ou à diesel, elles ne résolvent pas le problème croissant de la congestion des centres urbains contrairement aux services d’autopartage. En effet, selon l’étude du bureau de recherche 6t et de l’ADEME : L’autopartage : tous les avantages de la voiture sans les inconvénients, une voiture en autopartage remplace 9 voitures particulières, réduit de 41% les kilomètres parcourus, et favorise la multimodalité.
Par ailleurs, électrique ne rime pas avec écologique. En effet, selon le Jury de Déontologie Publicitaire, les voitures électriques ne sont ni « propres » ni « écologiques » : « tout véhicule a un impact sur l’environnement, lors de sa construction comme de son cycle de vie. On ne peut pas qualifier la voiture électrique de propre mais on peut avancer qu’elle contribue au développement durable ou qu’elle est plus propre que les voitures thermiques, à condition d’en apporter la preuve. ». De plus, l’Observatoire du Nucléaire souligne que « certes, la voiture électrique ne pollue pas quand elle circule, mais elle pollue avant et après, et surtout elle délocalise la pollution autour des mines d’uranium et de lithium, des centrales nucléaires, des sites de stockage de déchets radioactifs. ». Toutefois, selon l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie, bien qu’une voiture électrique sortant de l’usine émet plus de CO2, elle rattrape vite son retard grâce à une électricité nucléaire peu ou pas émettrice de gaz à effet de serre.
Ainsi, en militant pour la voiture électrique, le gouvernement en oublie l’autopartage qui favorise l’écomobilité. La voiture électrique et l’autopartage étant complémentaires, force est de constater que le gouvernement devrait soutenir ces deux secteurs, ce qui permettrait à nos villes de mieux respirer. Les collectivités, les entreprises et les particuliers sont de plus en plus nombreux à opter pour l’autopartage, alors pourquoi le gouvernement ne l’adopterait-il pas lui aussi en remplaçant son parc automobile par des véhicules électriques en autopartage ?