Edouard Dumortier, co-fondateur de ILokYou, dans son étude L’avènement de la consommation collaborative : quel modèle économique pour la France en 2030 ? (Avril 2013), analyse le développement de ce tout nouveau modèle économique qu’est la consommation collaborative. La consommation collaborative peut être définie comme un modèle économique où l’usage prédomine sur la propriété. L’usage d’un bien, d’un service ou d’un privilège peut être augmenté par le partage, l’échange, la vente ou la location de celui-ci. La consommation collaborative repose sur trois piliers : l’usage, la dimension écologique et la recréation du lien social. Les plateformes collaboratives se multiplient (Leboncoin, Blablacar, Airbnb, etc.), attestant de l’émergence d’un nouveau modèle économique.
La crise de 2008, en fragilisant à la fois l’économie, les institutions et l’environnement et en appauvrissant les populations, a révélé les faiblesses du modèle de consommation occidental. En effet, avec la baisse du pouvoir d’achat, force est de constater que les Français doivent désormais se débrouiller par eux-mêmes afin de préserver leur niveau de vie : ils sont de plus en plus à faire le choix de la consommation collaborative. L’ère de la consommation quantitative semble donc être en déclin : selon Edouard Dumortier « nous privilégions désormais le « proche », le « durable » et l’« écologique » ». Par ailleurs, la consommation collaborative n’est pas qu’une simple tendance sinon un phénomène durable. Le Times considère la consommation collaborative comme l’une des 10 idées qui vont changer le monde alors que Jeremy Rifkin annonce dans L’âge de l’accès (2000) que la notion de propriété aura disparu en 2025 au profit de la notion d’usage.
Des années 1960 à 2008, la croissance était régulière et les crises conjoncturelles ne remettaient pas en cause le modèle économique établi. Ces années marquent la période de « l’existentialisme du panier à course » basé sur une logique de consommation quantitative où la possession était un véritable marqueur social. La crise de 2008 a eu l’effet d’un coup de tonnerre sur ce modèle d’hyper consommation. Désormais, les achats sont plus rationnels et axés sur la durabilité, la proximité et l’écologie. Avec les chiffres du chômage qui s’envolent et les prix des biens de consommation qui enflent, le système D devient progressivement la norme. En effet, la moitié des consommateurs français cherche à sortir des circuits de consommation traditionnelle : l’achat d’occasion, le troc, la location ou encore la récupération d’objets dans la rue se sont banalisés. Selon Nelly Brossard, directrice générale d’Amaguiz, « en 2009, on achetait mail, on cherchait les meilleurs prix grâce aux comparateurs. Aujourd’hui on échange, on partage, on loue, on se groupe pour acheter. C’est le phénomène Groupon ou Airbnb. On se regroupe même pour acheter des places de cinéma ! C’est un nouveau cycle, qui affectera durablement les comportements, compte tenu notamment de l’accroissement du nombre de chômeurs longue durée. On assiste à de véritables ruptures dans les modes de vie. ».
Le marché de la consommation collaborative représente 100 milliards de dollars. De plus, selon Edouard Dumortier, « si les Etats-Unis sont la locomotive du train « économie du partage », la France n’est pas pour autant restée sur le quai. Elle voyage même en première classe. ». En effet, Philippe Moati, économiste et coprésident de Obsoco, souligne que pour 60% des Français, l’achat de produits d’occasion est devenu un geste banal : de la mère au foyer jusqu’aux retraités, de plus en plus sont les Français qui participent aux plateformes de consommation collaborative. Par ailleurs, pour l’Obsoco, « la percée de la consommation collaborative ne doit pas être perçue comme un rejet brutal de la société actuelle. Si ces nouveaux comportements dessinent l’économie de demain, les adeptes de ces nouveaux modes de comportements, toutes catégories confondues, sont loin de remettre en cause la société de l’hyperconsommation. La consommation collaborative est aussi une manière d’hyperconsommer. ».
Prenons pour exemple l’autopartage, modèle de consommation collaborative par excellence : posséder sa propre voiture dans les grandes agglomérations n’est plus une priorité pour une part grandissante de la population, jeune et urbaine. Les ventes d’automobiles stagnent en Europe et de nouveaux modes de déplacements alternatifs explosent. Le déplacement multimodal est passé dans l’usage courant. Le service d’auto-partage a l’avantage pour le citoyen de remplacer la première ou deuxième voiture qui reste trop souvent au parking. « Une étude de NGE qui gère des parkings publics à Nantes montre que 50 % des abonnés ne sortent leur voiture qu’une fois par mois. » Explique Tony Lesaffre, dirigeant de Nantes autopartage.
Plus encore, L’autopartage offre à cet égard de nombreux avantages aux entreprises qui cherchent à optimiser l’utilisation de leur parc automobile tout en réduisant les coûts de celui-ci. En effet, l’autopartage permet de réduire en moyenne de 30% le parc automobile et de réduire considérabement les frais hors flotte tout en garantissant le même volume de déplacement. Par ailleurs, les services d’autopartage améliorent la mobilité des salariés. En effet, l’autopartage permet à de nombreux salariés d’utiliser les transports en commun pour se rendre au travail, puis d’utiliser les véhicules en autopartage pour leurs déplacements professionnels. De plus, l’autopartage en entreprise ne se limite pas seulement aux déplacements professionnels : les salariés peuvent également réserver un véhicule pour une soirée ou un weekend moyennant un tarif très attractif.
C’est à ce titre que le groupe international Assystem s’est lancé dans l’autopartage. La direction veut, à terme, que ces 28 nouvelles voitures soient utilisées pour la vie professionnelle et la vie personnelle des employés. « Je fais au moins un trajet en voiture par semaine, et si je peux l’utiliser le week-end, c’est quand même très intéressant », déclare Cyrille, 28 ans, qui travaille au service aéronautique d’Assystem. « J’utilise pour ma part les transports en commun, mais il se peut que maintenant je prenne ces voitures électriques », confie Serge, employé du service informatique de l’entreprise. Ainsi, en plus de réduire les coûts d’un parc automobile sous-utilisé, l’entreprise favorise l’écomobilité. Mobility Tech Green participe donc également au développement ainsi qu’à la pérennisation de l’économie collaborative en proposant des systèmes d’autopartage aux collectivités et aux entreprises !