Développement accéléré de l’urbanisme vert, mesures gouvernementales pour réduire la pollution de l’air, regard tourné vers les énergies renouvelables : autant d’initiatives qui annoncent une période favorable au dynamisme des modes de mobilité alternative en Chine.
L’autopartage : une solution pour fluidifier le trafic urbain chinois ?
Selon une étude de Stategy&, une succursale de PricewaterhouseCoopers, le nombre de véhicule en autopartage en Chine devrait atteindre 170 000 en 2020. Ce chiffre représente une croissance annuelle de 50% par rapport au 30 000 voitures en activité début 2016. Cette augmentation rentre en écho avec la curiosité des automobilistes chinois vis à vis de ces nouveaux services de mobilité.
L’autopartage en Chine gagne du terrain et séduit pour plusieurs raisons. D’une part pour son potentiel d’amélioration du trafic dans des centres urbains saturés, particulièrement dans les grandes métropoles. D’autre part en se présentant comme une solution au quotat limité de plaques d’immatriculation autorisées à circuler dans les grandes villes chinoises. Une étude réalisée en 2016 par le Centre D’information d’Etat chinois calcule qu’une voiture partagée pourrait en effet remplacer 13 ventes de véhicules.
Un marché au très grand potentiel
Un rapport du Ministère des données publiques de sécurité montre que 310 millions d’habitants détiennent un permis de conduire, or le nombre de voitures circulant est de 194 millions. « En un sens, toutes ces personnes ne possédant pas de voiture représentent des clients potentiels pour les services d’autopartage », pointe Bill Peng, un des partenaires de Strategy&.
Selon le rapport de Strategy& partager une voiture, qu’elle soit neuve ou d’occasion, est donc plus économique si l’utilisateur parcourt moins de 5600 kilomètres par an. De plus, la compétition tarifaire est telle que le prix moyen d’un service d’autopartage est de 30 yuan soit à peu près de 4 euros. « La compétition sera d’autant plus féroce d’ici deux ans alors que les services d’autopartage se déploieront progressivement dans des villes plus petites, et que le segment du marché, après son lot de fusions et d’acquisitions, sera dominé par 3 ou 4 compagnies. », conclut Peng.
Miser sur les nouvelles énergies et sur l’électrique pour une mobilité plus écologique
Les efforts actuels du gouvernement chinois en matière de transports durables et verts représentent également un levier non négligeable pour l’autopartage dans le pays, grâce à la mise en place progressive de parkings dédiés ainsi que de bornes de recharge. 95% des véhicules partagés fonctionnent aujourd’hui grâce à de nouvelles énergies, et le nombre de flottes émettant peu ou aucunes émissions de carbone devrait augmenter chaque année de 50% dans les cinq années à venir.
Ce dynamisme est indéniablement soutenu par une urbanisation rapide, un usage d’internet grandissant ainsi qu’un nombre très conséquent de nouveaux détenteurs de permis. Un des acteurs du marché, Ezzy, possède par exemple une flotte d’à peu près 500 voitures électriques, que les utilisateurs peuvent déposer dans n’importe quel parking à Pékin.
L’autopartage pour convertir à l’électrique
Le modèle de l’autopartage agit ainsi comme un véritable prescripteur afin d’inscrire durablement les véhicules électriques au cœur de l’économie automobile chinoise : la Chine a ainsi vendu 507 000 véhicules électriques en 2016, ce qui en fait le marché le plus important au niveau mondial. Une des initiatives marquantes est le remplacement des taxis de Pékin par des véhicules électriques, soit une flotte de près de 70 000 véhicules.
L’un des enjeux majeurs réside au niveau des infrastructures de stationnement et de recharges mentionnées plus haut : elles sont en effet encore trop peu développées, face à la croissance soudaine des services d’autopartage. Résoudre ce problème essentiel permettrait de garantir des trajets plus longs en toute sérénité et donc l’adoption des services par une nouvelle catégorie d’usagers, se tournant à l’heure actuelle vers des services de véhicules de tourisme avec chauffeur tels que Didi Chuxing.
Le partage se fait aussi à deux roues !
Bien que le système de transport public en Chine est aujourd’hui meilleur que jamais mieux gérer le trafic en heure de point reste une priorité. C’est là que rentre en jeu les services de vélopartage, se multipliant au sein des grandes métropoles depuis quelques années. Ce moyen de déplacement, véritablement complémentaire à l’autopartage, permet à la fois d’alléger les derniers kilomètres des trajets quotidiens et de participer à l’amélioration de la qualité de l’air.
Selon Dai Wei, le fondateur de la compagnie Ofo, près de 400 millions de vélos circulent à l’heure actuelle à travers le pays. Déployé pour la première fois sur le campus de l’Université de Pékin en septembre 2015 le service a été un succès immédiat. « Nous avons aujourd’hui 15 millions d’utilisateurs dans 40 villes, avec plus de 200 millions de trajets effectués. Nous comptons avoir 20 millions de vélos dans les rues cette année dans pas moins de 200 villes », explique Dai. L’usage est des plus simples. En effet, il suffit de scanner un QR code présent sur le vélo ou de rentrer un code grâce à son smartphone et l’utilisateur peut ensuite utiliser le deux roues immédiatement.
L’usage du vélo se réinvente
Les déplacements quotidiens à vélos en Chine ne sont pas nouveaux. Le deux roues est depuis longtemps un moyen de transport traditionnel de la classe ouvrière, mais les services de vélopartage remettent celui-ci au goût du jour en y intégrant nouvelles technologies et préoccupations environnementales. Le vélo 2.0 n’a pas fini de faire parler de lui !
Selon BigData-Research, près de 19 millions de personnes ont utilisés des vélos partagés en 2016, et ce nombre devrait atteindre 50 millions d’ici fin 2017 ! Ofo est le plus gros fournisseur avec ses 800 000 vélos jaunes à travers le pays, suivi par Mobike (600 000 vélos). Preuve supplémentaire de ce succès : Ofo a levé début mars près 450 millions de dollars et Mobike 215 millions de dollars en janvier. L’un des cœurs de cible sont les étudiants et les jeunes actifs, beaucoup de stations étant présentes sur les différents campus des grandes villes.
Aujourd’hui les compagnies chinoises de vélopartage ont les yeux rivés vers l’international : Ofo se dirige vers Singapour, Londres et la Silicon Valley. De son côté la start-up Bluegogo s’est installé en janvier dernier à San Francisco. Le potentiel est important : selon le cabinet de consultation Roland Berger le marché pourrait générer jusqu’à 5,3 milliards d’euros d’ici 2020.
Photographies de couverture : Ofo et Evcard