De la voiture vengeresse, en passant par les taxis trop bavards et les compagnons de route à commande vocale, les véhicules autonomes hantent notre imaginaire collectif depuis déjà bien longtemps. Entre rêve technologique et inquiétude quasi-éthique, toutes ces représentations ont largement influencées le passage que nous connaissons aujourd’hui entre fantasme et réalité, alors que la course à l’autonomie n’a jamais fait aussi rage.
La voiture intelligente comme sidekick
Qui ne se souvient pas de David Hasselhoff cheveux au vent et veste en cuir au volant de KITT (Knight Industries Two Thousands). Équipée d’une intelligence artificielle, celle-ci agissait alors comme un sidekick idéal dans les aventures de Michael Knight, pouvant évoluer de manière autonome et communiquer comme un être humain. La série des années 80 accentuait alors un phénomène qui existait déjà dans la pop culture, celui du véhicule agissant comme extension et attribut du héros.
Mais ici, la présence d’un conducteur comme Knight au volant d’un véhicule qui pourrait se déplacer sans démontre bien la réticence à supprimer toute présence humaine du cercle de décision malgré l’intelligence démontrée du véhicule. Un peu à l’image actuelle des Tesla semi-autonomes qui requièrent la présence obligatoire d’un individu à la place du conducteur afin de pallier à toute éventualité.
Dans bien des scénarios, c’est toujours cette friction entre l’intelligence artificielle du véhicule et les réactions humaines qui est au cœur des réflexions. Et malgré les avancées technologiques, le domaine de la science-fiction ne semble toujours pas avoir entièrement résolu cette problématique de cohabitation homme-machine.
Véhicules autonomes VS protagonistes
En 2048, c’est Schwarzy qui côtoie de manière plus ou moins concluante les Johnny Cabs dans Total Recall (1990). Taxis autonomes, ils bénéficient néanmoins d’un semblant de conducteur à travers la présence d’un robot chargé de prendre en compte les instructions des passagers et de faire la discussion. Le tout avec un succès quelque peu…mitigé.
Ici, le comportement et les émotions humaines se confrontent à la rationalité mathématique de la machine qui se contentent de répondre à des entrées prédéfinies. Toute déviation de ce parcours entraîne alors des conséquences pas toujours positives. Comment alors être sûr que nous sommes bien encore maître de notre voyage, et non pas le contraire ?
Uber autonomes : les futurs Johnny Cabs ?
Ce schéma de mobilité, avec une compagnie créant un monopole sur le marché des taxis autonomes, ressemble énormément à celui amorcé par Uber avec son réseau de véhicules sans conducteur. Les premiers essais ont été réalisés dans les rues de Pittsburgh aux États-Unis, et malgré quelques déconvenues devraient s’étendre à d’autres villes. L’ambition sur le long terme ? Lancer officiellement les taxis autonomes sur les routes du pays d’ici le milieu de l’année 2019. Reste à savoir si des chauffeurs en réalité augmentée seront de la partie.
Mobilité et rationalité mathématique
Dans Minority Report (2002), Steven Spielberg nous présentait le Washington de 2054, où la circulation des véhicules est réglée comme du papier à musique dans une danse oscillant entre une décoiffante horizontalité et une vertigineuse verticalité. Dans cette adaptation d’une nouvelle de Philip K.Dick, le héros John Anderton (campé par Tom Cruise) se déplace dans un véhicule fuselé conçu spécialement par Lexus pour le film. Ces voitures, pouvant être conduites manuellement ou en mode autonome, sont également équipées d’intelligence artificielle répondant aux commandes vocales.
Afin de garantir une circulation optimale et un environnement urbain sans embouteillages, tous ces véhicules intelligents font partie d’un réseau, d‘un système informatique complexe régissant la globalité de la mobilité urbaine. Un élément intéressant à noter est le fait qu’en cas de besoin un véhicule puisse être contrôlé à distance, en « court-circuitant » ses données de navigation comme c’est le cas dans le film lorsque la police prend le dessus sur le véhicule en changeant sa destination.
Cette vision de la mobilité urbaine comme un tout technologique unifié résonne fortement avec les problématiques de la smart mobility. Une manière de penser les déplacements de manière mathématique et optimisée, à travers par exemple l’utilisation d’ordinateurs quantiques capables d’effectuer des calculs encore plus complexes toujours plus rapidement. Idéal pour traiter le flux massif de données que pourrait générer à terme les véhicules connectés et autonomes.
Bangkok et les ordinateurs quantiques : un pari gagnant ?
La ville de Bangkok a déjà franchi un cap important vers la rationalisation de sa mobilité urbaine en investissant dans un ordinateur quantique D-Wave. Celui-ci aura pour mission l’optimisation des trajets de pas moins de 130 000 voitures et camions à travers la capitale thaïlandaise grâce à des calculs basés sur le trafic routier. Une expérience digne d’une véritable smart city qui devrait faire des émules dans d’autres métropoles.
L’autonomie, c’est pour maintenant ?
Aujourd’hui c’est une myriade d’acteurs qui se lance dans cette quête du Graal qu’est la maîtrise de la technologie autonome. Constructeurs automobiles (on peut citer Audi, Toyota ou General Motors), géants de l’informatique avec Waymo (Google) en tête ou encore entreprises de services de mobilité (Uber) semblent en effet rivaliser d’imagination et multiplier les partenariats avec des start-ups pour arriver en tête de cette véritable course à la montre.
L’un des plus gros chantiers reste celui de la législation liée à la sécurité routière, tandis que plusieurs accidents mortels impliquant des véhicules autonomes ont ébranlé l’opinion publique depuis quelques mois. Il s’agit maintenant de rassurer et de prouver de manière concrète que les véhicules autonomes sur nos routes pourront à long terme permettre une réduction des décès liés à la route ainsi qu’une amélioration globale des conditions de transport du plus grand nombre. Les paris sont lancés, et il est parfois très difficile de se défaire des images véhiculées par les récits d’anticipation.
Les niveaux d’autonomie (source: CCFA)
Niveau 1 : En niveau 1, l’autonomie correspond aux diverses aides à la conduite qui sont aujourd’hui communes dans les nouveaux modèles de véhicule. On peut citer parmi elles l’ABS, l’ESP, les détecteurs d’angles morts ou encore les régulateurs de vitesse adaptatif. L’aide est donc très limitée et le conducteur est responsable de son véhicule.
Niveau 2 : Ce niveau correspond à une fonction de pilotage combinant la direction et le contrôle de l’accélérateur ainsi que du frein du véhicule. De plus, le véhicule gère automatiquement les distances ainsi que sa trajectoire, peut changer de file ou encore s’arrêter et redémarrer en cas d’embouteillages. Niveau conducteur, les pieds ne sont plus sur les pédales mais les mains restent bien sur le volant.
Niveau 3 : Le conducteur doit encore rester derrière le volant mais est autorisé, dans certains pays, à lâcher les mains de celui-ci. La conduite peut être déléguée au véhicule dans certaines situations, mais le conducteur doit être capable de reprendre le contrôle en quelques secondes en cas de danger.
Niveau 4 : Proposé en premier temps sur des itinéraires type autoroutes, ici le conducteur n’est pas tenu de superviser la conduite. Il est à bord du véhicule, pas forcément derrière le volant, et peut par exemple regarder un film, l’électronique s’occupant de tout.
Niveau 5 : Niveau le plus élevé, le véhicule peut conduire lui même pour aller se stationner ou aller chercher des clients si ce sont des robots-taxis. L’automatisation est complète.
Et si l’autonomie c’était aussi une grosse opportunité pour la mobilité partagée ? On vous en parle dans notre article sur l’économie des passagers.