Appliqué le 11 mai 2020, à la sortie d’un premier confinement éprouvant, le forfait mobilités durables fait doucement sa place dans les entreprises. C’est ce que confirme la seconde édition du Baromètre Forfait Mobilités Durables publié le 30 juin dernier par l’ADEME et le Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des Territoires. Faisons le point pour cette mesure visant à améliorer la mobilité professionnelle au quotidien.
Forfait mobilités durables : de quoi parle-t-on ?
Le forfait mobilités durables est une mesure prévue dans le cadre de la loi d’orientation des mobilités. Elle encourage les employeurs à rembourser les salariés d’un montant préconisé pouvant aller jusqu’à 700 euros (depuis le mois de janvier 2022) en cas d’usages de modes de transports durables. D’après le baromètre 2022, le montant moyen attribué en entreprise est de 434 €/an (soit +8% par rapport à 2021).
Il est important de noter que la mise en place du forfait mobilités durables est basé sur le volontarisme des structures, privées ou publiques.
Dans le baromètre 72% des interrogés appartiennent au secteur privé. En 2022, c’est 38% d’entre eux qui ont mis en place le FMD. Cela semble peu, et pourtant il y a une hausse de 12 points par rapport à 2021 !
Une évolution prometteuse pour les prochaines années qui seront déterminantes en termes de transition vers une mobilité à la hauteur des enjeux environnementaux d’aujourd’hui.
Du côté du secteur public aussi (qui représente 19% des répondants) 48% indiquent avoir mis en place le forfait au 1er janvier 2022 et 15% planifient de le faire durant l’année.
Quels modes de transports sont pris en charge ?
Les principaux modes de transports aujourd’hui remboursés pour les déplacements domicile-travail sont :
- Le vélo avec ou sans assistance électrique (93%)
- Le covoiturage (56%)
- Les transports en commun (46%). Si la structure proposait déjà un remboursement des titres de transport, celui-ci est cumulable avec le forfait.
- Les engins de déplacement personnel loués ou acquis (39%)
- L’autopartage (32%)
- Et les autres modes actifs non motorisés comme la marche, le skate, le roller, la trottinette classique, etc. (8%)
Seuls 12,7% des forfaits mobilités durables remboursent l’ensemble des modes éligibles.
Et pour les déplacements professionnels ?
Comme spécifié plus haut, le forfait mobilités durables couvre les déplacements domicile-travail. Mais bien sûr cet effort doit être couplé avec une optimisation des déplacements professionnels (rendez-vous, déplacements, etc.). La LOM insiste également sur ce point en encourageant des initiatives comme le covoiturage, l’autopartage et l’intégration de mobilités actives dans la stratégie mobilité de l’entreprise.
Pourquoi mettre en place le forfait mobilités durables ?
Il existe trois raisons majeures identifiées chez les répondants :
La volonté d’inciter les salariés à choisir des alternatives à la voiture individuelle pour effectuer leurs trajets. Dans son infographie sur la mobilité de demain publiée en début d’année, l’ADEME pointait déjà que 40% des trajets quotidiens effectués en voiture font moins de 3 kilomètres. Un chiffre particulièrement édifiant sur notre rapport au véhicule personnel.
L’inscription de cette démarche dans la stratégie marque employeur de la structure et parfois dans un plan de responsabilité sociétale d’entreprise (RSE). Un objectif sous-jacent peut être la réduction globale de l’empreinte carbone de l’entreprise et la performance économique. Car oui, durabilité en entreprise ne signifie pas une perte de performance, loin de là !
Le besoin de répondre aux attentes des salariés, notamment en termes de qualité de vie au travail. Avec l’augmentation du coût des carburants et l’urgence climatique, de plus en plus de salariés désirent modifier leurs habitudes. Le forfait peut permettre d’accompagner cette démarche et de l’encourager auprès des autres collaborateurs.
Les freins à lever pour aller plus loin
La mise en place du forfaits mobilités durables se heurte à plusieurs freins. Certains sont compréhensibles selon le contexte de la structure. Mais d’autres pourraient être résolus grâce à la mise en place d’outils adaptés.
Le principal frein aujourd’hui réside dans l’enveloppe budgétaire associée à la mise en place d’une telle mesure (pour 40% des répondants). En effet, selon la taille de l’entreprise et les modes de déplacement des employés, cela peut chiffrer. Néanmoins, les contreparties peuvent être extrêmement bénéfiques en termes de qualité de vie au travail et d’engagement salarial.
Le manque d’informations sur le sujet arrive en seconde position (30%). Cette sensibilisation à l’usage de mobilités alternatives nécessite du temps et de la pédagogie. Les structures ne se sentent pas forcément accompagnées sur le sujet pour pouvoir le mettre en place de manière efficace. Beaucoup de cabinets de conseils en mobilité se sont d’ailleurs emparés du sujet afin d’accompagner les entreprises dans cette démarche.
Quel futur pour le forfait mobilités durables ?
Dans une étude publiée en 2022 l’Apec indiquait que la « guerre des talents » pourrait s’accélérer cette année sur le marché du travail. Le manque de profils disponibles sur certains postes rend les recrutements difficiles. L’alignement sur certaines attentes des salariés devient plus que nécessaire pour pouvoir attirer des talents !
Même si d’autres facteurs plus pragmatiques rentrent en jeu, la proposition d’un forfait mobilités durables peut influencer le choix du candidat. À la fois avantage économique mais aussi preuve d’une implication sociétale et environnementale, l’espoir est que son adoption soit encore plus élevée lors de l’édition 2023 du baromètre !
Retrouvez l’ensemble des résultats du baromètre dans cette infographie très claire proposée par l’ADEME, le Ministère de la transition Écologique, via ID et Ekodev.