Le cabinet d’études Navigant Research prévoit d’ici 2024 une multiplication par six du revenu global généré par le marché de l’autopartage. Quelles sont les sources et les raisons de cette accélération à venir ?
Une accélération impressionnante
Tandis que les services d’autopartage se sont développés durant les quinze dernières années, on ne peut que constater la mutation que ce marché connaît en ce moment.
En 2014, ce moyen de mobilité s’est implanté sur cinq continents, dans pas moins de trente pays et de centaines de villes. Il est aujourd’hui un acteur important des réflexions autour de la mobilité urbaine et de l’avenir du transport, qu’il soit d’ordre privé ou public, grâce à sa flexibilité et son caractère multi-modal profondément ancré dans l’ère du temps.
Navigant Research anticipe donc que le revenu produit par ce domaine d’activité devrait passer de 1.1 milliard en 2015 à 6.5 milliards en 2024, soit une multiplication par 6. Parmi les raisons de cette croissance inouïe on peut citer le succès des offres « one-way » qui séduisent par une restitution plus facile du véhicule. Une autre donnée importante est la baisse d’intérêt, notamment des jeunes générations, pour la propriété d’un véhicule personnel dont l’entretien est souvent trop coûteux.
Néanmoins, les constructeurs automobiles auront leurs cartes à jouer dans la construction de ce marché global de l’autopartage, et ils ont d’ailleurs déjà commencé. La preuve avec les programmes Car2Go de Daimler ou encore Maven lancé il y a quelques mois par General Motors. En mettant en avant leurs technologies, concernant notamment les véhicules électriques, ils pourront ainsi trouver leur place au sein de cette mouvance qui atteint aujourd’hui de nouveaux marchés.
Un regard vers l’Asie : les exemples de la Chine et de la Corée du Sud
Après des années de croissance à double chiffre, le marché de l’automobile chinois, le plus grand au monde, semble enfin ralentir. Une conséquence de la décélération global de l’économie, oui, mais aussi le résultat d’un changement de comportements et d’attitudes des consommateurs envers le bien automobile. C’est ce que démontre une étude publiée en avril dernier par McKinsey. Ainsi, près de la moitié des interrogés considèrent leur véhicule comme une nécessité et non plus comme un signe de statut social.
L’achat d’une voiture devient donc une option parmi plusieurs moyens de mobilité. Et les services de mobilité connectée connaissent également un succès grandissant. Ces derniers pourraient ainsi réduire de 4 millions les ventes de véhicules privés d’ici 2030, chiffre pouvant être contrebalancé par l’achat de 2 millions de véhicules partagés.
En Corée du Sud, le marché de l’autopartage s’est également fortement développé durant ces dernières années. Cette évolution rapide est due en partie à l’usage généralisé des smartphone couplé aux nouveaux usages des jeunes en matière de mobilité. La hausse des coûts de motorisation est un élément déclencheur : selon une étude du Seoul Institute, 85,5% des utilisateurs ont entre 20 et 40 ans. Des usagers majoritairement urbains et aisés, cherchant de nouveaux moyens de se déplacer au sein d’une ville particulièrement dense.
Entre 2012 et 2015, le nombre d’utilisateurs de services d’autopartage est passé de 70 000 à 3 millions ! Le marché coréen pèse aujourd’hui 90 milliards de wons (68 millions d’euros) contre 4 milliards (3 millions d’euros) en 2012. Les deux acteurs principaux de ce marché en pleine expansion sont Socar et Green Car. Mais il n’est nul doute que le fort potentiel de croissance du secteur va attirer d’autres groupes industriels et constructeurs : Hyundai a d’ores et déjà exprimé son envie de se lancer dans le secteur avec des véhicules hybrides et électriques.
– Laura Didelot