Le modèle de l’autopartage a bouleversé l’écosystème du marché automobile ces dernières années. Bien qu’encore marginal par rapport à l’usage de véhicules privés, ce moyen de mobilité a trouvé sa place.
Un état des lieux encourageant
Selon l’étude du BCG (Boston Consulting Group) datant de février dernier le plus grand marché reste l’Asie Pacifique (Chine, Hong Kong, Japon, Asutralie, Nouvelle-Zélande, Malaisie, Singapour, Corée du Sud et Taiwan) avec 2,3 millions d’usagers et 33,000 véhicules. L’Europe (Russie et Turquie incluses) représente néanmoins le marché où les services sont les plus présents par rapport aux nombres d’habitants, avec 2,1 millions d’usagers et 31,000 véhicules. Enfin, l’Amérique du Nord arrive en troisième place avec 1,5 million d’usagers et 22,000 véhicules au compteur.
Au niveau mondial c’est donc 86,000 véhicules qui roulent déjà en autopartage, avec 5,8 millions d’usagers. Cela représente également 2,5 milliards de minutes réservées par an et un revenu annuel de 650 millions d’euros pour les trois marchés.
Source : BCG
Le champion mondial est l’Allemagne, qui compte pas moins de 140 services d’autopartage : entre 2001 et aujourd’hui le nombre de véhicules est passé de 1000 à 15400, ce qui représente la moitié de la flotte européenne. Mais même dans ce pays adepte, l’autopartage représente un mode de mobilité encore trop peu privilégié : il représente seulement 0,1% des choix de déplacement, contre 29,5% pour les véhicules privés.
Pourtant il a été calculé qu’en Europe les conducteurs urbains conduisant moins de 7500 kilomètres par an paieraient moins en partageant qu’en possédant un véhicule.
Source : BCG
Toujours selon le BCG, les choses vont encore s’accélérer. D’ici 2021, il y aura 35 millions d’usagers, avec un revenu annuel de 4,7 milliards d’euros. Et c’est le marché européen qui prendre la tête, avec un revenu de 2,1 milliards. La réservation de minutes s’élèvera à 1,5 milliards…par mois ! Chaque voiture sera utilisée 15% du temps, laissant le temps pour la maintenance, le repositionnement et la recharge de carburant, et seront remplacées tous les 12 mois. Et cette accélération de l’autopartage dépasse d’ores et déjà la sphère des particuliers.
Un modèle attractif pour les entreprises
2015 a en effet été l’année où l’autopartage, et plus généralement, l’économie partagée a vu croître un public : les entreprises, intéressées par des services plus connectés, commodes et économiques.
Selon Sarwant Singh, Senior Partner et Practice Director of Automotive and Transport chez Frost & Sullivan, « l’autopartage, initialement basé sur les modèles B2C et P2P, fonctionne désormais aussi en B2B avec la popularité croissante de l’autopartage en entreprise. »
Une étude du célèbre cabinet Frost & Sullivan prévoit ainsi qu’entre 75000 et 100000 véhicules d’entreprises devraient fonctionner en autopartage d’ici 2020 en Europe. L’écosystème évoluera aussi en parallèle, avec une multiplication des acteurs en présence et un nombre d’entreprises intégrant un service d’autopartage pour leurs employés passant de 200 en 2013 à 4000 d’ici 2020. Attractif, ce modèle permet une réduction de 30% du coût global d’un parc automobile.
Source : BCG
Dans un article pour L’Opinion le président de l’Observatoire du Véhicule d’Entreprise (OVE), Bernard Fourniou, évoque également cette évolution des politiques de déplacements dans beaucoup d’entreprises. Aussi bien la recherche d’une réduction du poids du poste transports, le souci d’une mobilité durable ou encore l’impact de la numérisation de l’économie sont à l’origine de cette vague de changements. La sphère numérique brouille de plus en plus les frontières établies entre déplacement professionnel et personnel, en offrant une accessibilité accrue aux usagers en semaine ou durant les week-ends.
Les systèmes de réservation de voiture en libre-service représentent ainsi une belle solution pour les entreprises ne pouvant pas garantir l’entretien d’une flotte de véhicules de fonction, tout en résolvant également une partie des problèmes liés aux endroits de stationnement. Les voitures autonomes, disponibles notamment en autopartage, sont une autre étape de ce changement de modèle de mobilité, mais ne toucheront en force le marché qu’en 2027 selon les prévisions du BCG.
– Laura Didelot
Crédit image de couverture : Supertotto